En 1880, la compagnie de chemin de fer Montreal Portland & Boston Railway, présente à Marieville depuis 1877, veut prolonger sa voie ferrée jusqu’à Saint-Césaire. Pour ce faire, M. Bradley Barlow, président de la compagnie, sollicite une rencontre avec les dirigeants municipaux dans le but d’obtenir une subvention. Après plusieurs discussions, les deux conseils municipaux acceptent de contribuer à raison de 30000 $ se répartissant ainsi : 20 000 $ provenant de la paroisse et 10000 $ du village, et ce, à la condition expresse que la voie ferrée soit terminée avant le 1er janvier 1883. Les travaux de terrassement commencent en juin 1882 à Marieville et se terminent à Saint-Césaire, le mercredi 25 octobre à la gare en construction, en présence de notables et de résidents du village. À cette occasion, la locomotive portant le nomde Saint-Pie, de la compagnie South Eastern Railway, est la première à rendre visite à Saint-Césaire. Ce service de trains à vapeur sera présent à Saint-Césaire jusqu’à l’arrivée des tramways électriques le 3 mai 1914.
Il fallait une gare « digne de Saint-Césaire et située le plus près possible de l’église catholique ». La compagnie Montreal Portland & Boston Railway ayant obtempéré à ces deux conditions, le conseil municipal du Village de Saint-Césaire autorise un déboursé de 800 $ pour la construction d’une gare du même modèle que celle de Marieville, en plus de s’engager à payer pour l’achat du terrain. L’inauguration du service régulier de transport par train vers Montréal a lieu le lundi 4 décembre 1882. Après les discours des notables de l’endroit ainsi que de ses représentants, la compagnie South Eastern Railway, nouvellement propriétaire de la voie ferrée, offre des billets gratuits pour une excursion jusqu’à Marieville à 475 personnes du village et de la paroisse. La venue de cette gare amène l’ouverture de deux nouvelles rues; l’une partant près du marché public et l’autre, presque en face du couvent, pour finalement se rejoindre à angle droit dans la direction de la gare. Une vingtaine de terrains sont vendus à cette occasion. Sur le nombre, le curé de Saint-Césaire, Joseph André Provençal, fait l’acquisition de 14 d’entre eux. Contrairement à Marieville et à l’exception de la Société Coopérative Agricole de la Vallée d’Yamaska, aucun quartier industriel ne se développera à proximité de la gare à Saint-Césaire.
La gare de Saint-Césaire construite en 1882. À remarquer, les bidons de lait sur la plateforme attendant l’arrivée du tramway de marchandises Milk & Express Car.
La cour de triage de la gare de Saint-Césaire le 15 août 1913.
Démolition de la gare de Saint-Césaire en juillet 1971.
À la suite de l’électrification du tronçon ferroviaire entre Marieville et Saint-Césaire, les citoyens ont dorénavant accès à quatre trains par jour dans les deux sens, dont deux « Limited » sans escale, ne prenant qu’une heure et dix minutes entre la gare McGill-Marguerite-D’Youville de Montréal à celle de Saint-Césaire pour couvrir la distance de 31 milles. C’est une grande amélioration pour les utilisateurs, car le train de la compagnie Vermont Central Railway arrivait tard le soir à Saint-Césaire et repartait le lendemain matin à 6 heures. À partir du mois de juin 1914, les trains à vapeur de cette compagnie ne circuleront plus sur cette voie ferrée. Le train électrique sera présent pour les citoyens de Saint-Césaire jusqu’au 24 novembre 1951.
Encart publicitaire de la compagnie Montreal & Southern Counties Railway en 1914, indiquant le nouveau service entre Montréal et Saint-Césaire.
Le tramway 607, un habitué à Saint-Césaire.
En 1944, M. Manny possède 32 années d’expérience dans le domaine ferroviaire et est chef de gare à Saint-Césaire depuis 20 ans. De plus, il donne des cours de télégraphie au Collège Saint-André de Saint-Césaire. À cette époque, la gare sert de point de chute pour le courrier expédié et reçu. Chaque gare est également pourvue d’un service de télégraphie. Un bon télégraphiste peut émettre, à la clé (poinçon de métal) de 40 à 50 mots/minutes. Cependant, l’arrivée du téléphone fera disparaître cette technologie dans les gares.
Depuis la fondation de la compagnie ferroviaire Montreal & Southern Counties Railway, l’objectif de celle-ci est de rejoindre la ville de Granby en tramway électrique. Cela se concrétisera en 1916. Toutefois, avant de construire cette voie ferrée de 15 milles, il faut traverser la rivière Yamaska à Saint-Césaire. Les entrepreneurs Ross et McCombe obtiennent le contrat pour la construction d’un pont, et ce, au montant de 75000 $; les travaux se terminent en juillet 1914. Cependant, on se souviendra que le 8 août 1946, vers trois heures de l’après-midi, est survenu le pire accident jamais enregistré par la compagnie ferroviaire. En effet, quelques minutes avant que le train se dirigeant vers Granby ne traverse le pont, la moitié de celui-ci s’écroule dans la rivière. L’érosion de la berge, provoquée par la rivière Yamaska, en est la cause.
Le 8 août 1946 : le pont sur la rivière Yamaska bascule dans la rivière; c’est le pire accident ferroviaire enregistré par la compagnie Montreal & Southern Counties Railway.
Le 24 novembre 1951 : un train électrique sur le pont de la rivière Yamaska, le dernier jour du service de trains électriques à Saint-Césaire.
Emplacement du panneau sur La Route des Champs
Recherche et textes
Gilles Bachand, Historien
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