Saint-Césaire

LA CRISE DU VERGLAS DE 1998

Le bâtiment de commande du poste de Saint-Césaire, un édifice patrimonial

Le bâtiment de commande du poste de Saint-Césaire a été construit en 1962 par la Southern Canada Power Company Ltd. juste avant la nationalisation de l’électricité au Québec. Une étude patrimoniale publiée en 2015 considère qu’il revêt un intérêt architectural élevé, notamment en raison de la composition de ses façades qui démontre une certaine recherche esthétique. Par exemple, on y remarque une alternance homogène entre le revêtement de briques et les bandeaux verticaux dans lesquels se trouve la fenestration. Pour toutes ces raisons, Hydro-Québec TransÉnergie tiendra compte des choix architecturaux d’origine lorsqu’elle décidera d’agrandir le bâtiment en 2003. Elle respectera ainsi la valeur patrimoniale de l’édifice. Le verglas de 1998 n’affecte que très peu l’édifice ainsi que les équipements du poste de transport. Celui-ci sera agrandi au cours des années pour faire face à l’augmentation des besoins de la clientèle. 

Bâtiment de commande du poste de Saint-Césaire construit en 1962 par la Southern Canada Power Company Ltd.

6 au 9 janvier 1998

Saint-Césaire, une ville de glace

En ce début d’année 1998, le verglas transforme la ville de Saint-Césaire en une cité de glace. Des milliers de branches d’arbres et de fils électriques jonchent le sol; il est impossible de circuler en voiture dans les rues et de marcher sur les trottoirs glacés. De plus, tous les édifices sont recouverts de glace. Le soir, la ville est plongée dans une noirceur quasi totale puisqu’aucune lumière n’émane de la plupart des maisons. Cependant, pour la très grande majorité des citoyens, il ne fait aucun doute que le service d’électricité sera rétabli d’ici quelques jours. En attendant, plusieurs personnes se dirigent vers la polyvalente P.-G. Ostiguy, devenue un centre d’hébergement temporaire pour les citoyens, car elle possède une génératrice en plus d’un système de chauffage au gaz. Il faut bien se nourrir (quelques rares restaurants fonctionnent encore), se chauffer et trouver un hébergement en attendant des jours meilleurs. Ce qui n’arrivera que trois semaines plus tard ! 

Rue Notre-Dame, coin rue Denicourt à Saint-Césaire.

Faire face à la privation d’électricité en janvier 1998 à Saint-Césaire

En cette période hivernale, le chauffage demeure la priorité pour les urbains, mais aussi pour les ruraux, car il faut que les fermes continuent de fonctionner. À Saint-Césaire et les environs, 48% des citoyens possèdent encore un poêle à bois. La municipalité va faciliter son usage en fournissant gratuitement ce combustible à ses citoyens. Cependant, pour le confort du foyer, l’achat ou la location d’une génératrice fonctionnant au gaz deviendra très populaire auprès des sinistrés. L’armée canadienne viendra aider les employés municipaux, surtout pour le nettoyage des rues de la ville ainsi que pour les corvées reliées à la distribution du bois de chauffage et de l’eau potable. Des employés de la compagnie Connecticut Light and Power aideront ceux d’Hydro-Québec dans le rétablissement du service à Saint-Césaire. Cependant, c’est surtout grâce à la générosité et à l’entraide des Césairoises et Césairois, que tous réussiront à passer admirablement à travers cette épreuve climatique. 

Verglas accumulé sur le panneau de signalisation du passage à niveau avec feux clignotants sur la route 112.

Il tombe 100 mm de pluie verglaçante à Saint-Césaire le 9 janvier 1998.

Carte d’Hydro-Québec illustrant les lignes hors service et le « triangle noir ».

6 au 9 janvier 1998

Saint-Césaire au cœur du triangle noir

Les québécois sont habitués à vivre de temps à autre des périodes de verglas, mais jamais comme celui de 1998, appelé par la population « Le grand verglas de 1998 ». L’accumulation de près de 100 mm de glace sur les fils et les pylônes d’Hydro-Québec provoque l’effondrement en cascade de 76 pylônes entre le poste de Boucherville et celui de Saint-Césaire, coupant ainsi l’alimentation en courant 230 kV. Ce phénomène entraîne la perte de 14 lignes de 120 kV, couvrant le territoire de l’est de l’axe Beloeil-Saint-Hyacinthe jusqu’à la frontière américaine, soit 89 municipalités comprises entre Saint-Hyacinthe, Saint-Jean-sur-Richelieu et Granby. Bien entendu, les lignes électriques secondaires sont très endommagées; 14 000 poteaux de bois tombent et des centaines de transformateurs explosent. À la grandeur du Québec, en fin de journée du 9 janvier, ce sont 1,4 million de foyers, répartis dans 700 municipalités, qui sont dans le noir. C’est seulement le dimanche 25 janvier 1998 que le poste de Saint-Césaire sera réalimenté, procurant ainsi de façon graduelle de l’électricité à ses 300 000 clients. Le lendemain, environ 10 à 15% des abonnés de Saint-Césaire seront de nouveau branchés au réseau électrique. Le travail de rétablissement du service se poursuivra les jours suivants. 

Poteaux électriques cassés par la force du verglas et du vent, le long de la route 112 à Saint-Césaire.

Un résident de Saint-Césaire nous décrit son vécu durant le verglas de 1998

M. Jean-Pierre Desnoyers raconte : « Début janvier, tout le monde reprenait le travail après les fêtes. Une période nuageuse, accompagnée de pluie verglaçante, s’abattait sur le sud du Québec. Les jours précédents, le météorologue de Radio-Canada annonçait avec angoisse les futures conditions météo en disant : « ce n’est vraiment pas beau ce qui s’en vient. » La pluie verglaçante a duré plusieurs jours et s’est accumulée sur les arbres et sur les fils électriques. Les branches d’arbres se brisaient avec grand bruit et le pire est arrivé lorsque j’ai vu tomber les gros pylônes électriques dans les champs en arrière de chez nous. J’ai réalisé que notre période sans électricité serait longue… Sans autre moyen de chauffage à la maison, nous sommes allés vivre chez mes beaux-parents. Nous sommes revenus aux méthodes d’autrefois telles que : la cuisson sur le poêle à bois et l’éclairage avec une lampe à l’huile. Pour éviter les pertes, nous avons dû vider les réfrigérateurs, congélateurs et placer la nourriture dans des boîtes à l’extérieur. Sans électricité, nous n’avions aucun accès à l’information radiodiffusée ou télédiffusée. Donc, nous écoutions les nouvelles via la radio de l’auto. Il n’y avait aucune lumière dans les rues de Saint-Césaire le soir. Avec l’arrivée des camions de l’armée dans les rues glacées de la ville, on se serait cru en période de guerre… La course des gens pour l’achat de nourriture et de génératrices, le gymnase et les salles d’écoles offertes pour l’hébergement d’urgence de familles sans chauffage ni électricité, tous ces éléments font que c’est un épisode de ma vie qui restera longtemps gravé dans ma mémoire. Mon secteur a été privé d’électricité du 6 au 31 janvier 1998.» 

Pylônes terrassés par le verglas sur la ligne de transport électrique de Saint-Césaire vers Boucherville.

Emplacement du panneau sur La Route des Champs

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Recherche et textes

Gilles Bachand, Historien

Société d'histoire et de généalogie des Quatres Lieux

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